23 août : On dit les américains à Sézanne, Montmirail, ils avancent sur Troyes (Aube 10). Les Raisinelles sont sur le point d’être expulsées de leur appartement. Les F.F.I. se battent dans Paris, place de la Bastille, bonne nouvelle !
Maurice Houlon
Ivoy-le-Pré : Hier, les jeunes gens des maquis ont décidé de remettre le clocher à l’heure française, ce qui fut fait immédiatement. Et comme le courant nous manquait depuis 3 jours un communiqué a été affiché par leurs soins, résumant les nouvelles du jour et devait continuer ainsi tous les soirs. Mais la radio nous a été rendue hier soir avec la lumière. Les Alliés ont franchi la Seine et se dirigeraient vers la plaine des anciens champs de bataille de la Somme. Les colonnes américaines descendent rapidement par le centre de la France (officieusement on les dit à Cosne). Et enfin, Londres qui gardait le secret jusqu’ici, annonce que d’autres colonnes, celles qui ont franchi la Loire à Nantes, sont parvenues à Angoulême sans rencontrer beaucoup de résistance. Paris est complètement investi, le Général Koenig en a été nommé gouverneur. On se bat place de la République et Boulevard Bonne-Nouvelle avec de nombreux tués et blessés de part et d’autre
Dans le Midi, Aix-en-Provence est occupée par les Alliés qui ont doublé les territoires de leur tête-de-pont s’avançant par endroits à 96 km dans les terres. On se bat dans Toulon et à petite distance de Marseille.
Florence est libérée, bien que des combats avaient encore lieu dans le nord de la ville. Dans quel état retrouvera-t-on cette ville jadis merveilleuse ?
Midi : Paris est libéré !
Pierre Beurlet et Jacotte arrivent en trombe nous annoncer cette formidable nouvelle : Paris est libéré ! Après 4 jours de combats, par les forces de la résistance. Tout le monde se communique la nouvelle qu’on commente, jusqu’au prochain bulletin d’informations transmis à 2 h 1/2 par la radio avec des détails que voici : Samedi dernier 19 août, les forces des FFI et le comité du gouvernement provisoire ont donné l’ordre du soulèvement général. Cinquante mille patriotes armés et des centaines de mille non armés s’unirent. La police parisienne, déjà en grève prit d’assaut la préfecture de police et l’île de la Cité et en fit un bastion de la résistance. Tous les monuments publics furent peu à peu occupés. Enfin, depuis hier les FFI sont maîtresses de Paris. Le Général Koenig donne l’ordre aux Parisiens de respecter les stocks de vivres, assurant que le principal souci du gouvernement, après ces extraordinaires privations imposées aux Parisiens, était de les faire cesser. Mais il faudrait encore plusieurs jours pendant lesquels il est fait appel au calme et au patriotisme de tous.
En même temps, on apprend que, du Midi, certaines troupes alliées ont, par la route Napoléon, occupé Grenoble. Treize départements français ont été, par la résistance, entièrement libérés. Un bulletin ce matin, annonçait un débarquement à Bordeaux, dont ne reparle pas pourtant celui de 2 h. Ayant occupé Sens, les Alliés se dirigent vers Troyes, Nancy
On nous fait entendre, de New-York, les hourras de la foule américaine en apprenant la libération de la capitale de la France. Plus tard, et bien que les V1 aient encore causé des ravages en Angleterre, toutes les cloches de Londres sonnent sur le demande de la population.
Berthe Brunessaux
Vers le 23 août, une menace sembla se préciser ; celle d’une résistance organisée sur la Marne, dans le Soisonnais et peut-être même sur la montagne de Reims ; le bruit courait que des batteries s’étaient mises en position le long de la Marne, mais ce qui était le plus caractéristique, c’était l’installation à Reims de plusieurs États-majors dans les grands immeubles du Boulevard Lundy. Des généraux et leur suite circulaient en ville dans des autos impressionnantes ; des lignes téléphoniques étaient installées dans tout un quartier, des immeubles réquisitionnés de toute urgence, des chevaux de frise mis en place dans le quartier des Cordeliers devenu une véritable forteresse ; deux fantasias d’une quarantaine d’avions de chasse, une le matin et l’autre l’après-midi du 24 août, correspondaient certainement à une revue aérienne destinée à donner l’impression de la force aérienne allemande.
-Henri Druart
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Pendant cette période de la Libération de Reims, nous allons publier, au jour le jour, des extraits du journal de Maurice Houlon (1881 – 1966), de Berthe Brunessaux (1887-1963) et les notes d’Henri Druart : lire la présentation de Berthe Brunessaux et Maurice Houlon